Le cap Nord. Le bout du monde. Enfin, un autre bout du monde. Car après le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud et Cabo da Roca au Portugal, nous voici sur le point de découvrir un autre « bout du monde », le cap Nord, le point le plus au Nord du continent européen. Et bien qu’il soit reconnu comme le point le plus septentrional d’Europe et que des centaines de touristes s’y pressent chaque jour pour admirer le fameux globe terrestre, symbole iconique des lieux, on apprendra que, comme pour le cap de Bonne-Espérance, le vrai point le plus haut est en réalité situé non loin de là, à Knivskjellodden, quelques 1 611 mètres plus au Nord…
Mais bon, on a parcouru près de 3 500 km depuis Toulouse pour arriver jusque là (à un chouia près quoi), alors je crois qu’on est plus vraiment à 1 600 mètres près, non ? Et puis en hiver, impossible de rejoindre Knivskjellodden car on ne peut l’atteindre qu’à pied, après une petite marche de 9 km, fortement déconseillée par temps de neige. Voilà voilà.
Honningsvåg, la dernière ville avant le cap Nord
11h15, on arrive à Honningsvåg , sur l’île de Magerøya tout au Nord de la Norvège. La petite ville de 2500 âmes se targue d’être la ville la plus septentrionale au monde, titre largement disputé car certains ne la considèrent pas comme une « ville ». Quoiqu’il en soit, c’est bien la dernière chose qui se rapproche le plus d’une ville que nous aurons vu avant d’arriver au cap Nord.
Du pont, on regarde le bateau entrer dans le fjord et manœuvrer pour s’amarrer dans le petit port de Honningsvåg et c’est le coup de cœur. Ce petit village avec ses maisons colorées accrochées à flanc de montagne est juste trop parfait pour être vrai. On a beau être loin de tout, presque coupé du monde et pourtant je me vois tout à fait vivre ici. Un autre rythme, une autre vie. Pour moi, c’est tout simplement le plus joli village de tout notre voyage et je suis finalement déçue de ne pas y rester plus longtemps pour le découvrir plus en profondeur.
Et enfin arriver au bout du monde : le cap Nord
A peine descendus du MS Kong Harald, nous filons en direction des bus qui nous attendent pour nous emmener au cap Nord. C’est l’excursion la plus prisée des passagers sur l’Hurtigruten et nous nous retrouvons face à des dizaines de bus. Mais du coup, c’est un mal pour un bien car comme nous sommes assez de français à avoir réservé l’excursion, nous disposons du coup d’un bus spécial avec une guide francophone qui va nous raconter toute l’histoire du cap Nord.
De Honningsvåg, il faut 45 minutes pour arriver jusqu’au centre d’accueil officiel du cap Nord dont une partie du trajet réalisée en convoi derrière un chasse-neige ! En effet, la route pour s’y rendre étant difficilement praticable en hiver, elle n’est ouverte qu’à deux moment précis dans la journée et il vous faudra attendre que le chasse-neige arrive pour le suivre et ce, que vous soyez en groupe comme nous ou en solo avec votre propre véhicule. Attention donc aux horaires si vous souhaitez vous y rendre. Et c’est la même chose pour le retour, il faudra quitter les lieux à un moment précis pour repartir avec le convoi. C’est bon à savoir avant de prévoir d’y aller. Surtout que parfois les conditions sont tellement mauvaises que la route n’ouvre pas du tout de la journée. Quelques déceptions sont à prévoir !
Mais aujourd’hui nous avons de la chance, le ciel est bleu et les tempêtes de neige loin derrière nous. La route est vraiment magnifique, on contourne des fjords plus beaux les uns que les autres et on aperçois même l’unique piste du petit aéroport de la ville, élu parmi les plus beaux aéroports où atterrir.
A l’entrée de la route menant au cap Nord, des voitures attendent déjà le départ du convoi. Le chasse-neige arrive et nous parcourons à sa suite les quelques kilomètres restants.
Forcément, qui dit convoi, dit tout le monde arrive en même temps. Mais on a la chance de se garer en premier et comme on marche assez vite et que la guide nous avait expliqué comment arriver au globe le plus rapidement, on est les premiers touristes du jour à fouler le cap Nord et on se retrouve presque seuls au pied du fameux globe. Le tête à tête sera cependant de courte durée mais nous aurons au moins eu la chance de l’avoir rien que pour nous quelques minutes et de pouvoir le photographier tranquillement.
2 minutes plus tard c’est l’invasion, on préfère donc s’éloigner un peu pour admirer les alentours. On a de la chance, il fait beau, la vue s’étend loin devant nous et il n’y a pas trop de vent. Il n’y a pas grand chose ici, à part les falaises, la mer, la neige et ce globe, posé là sur ce grand tapis blanc, comme une cerise au sommet d’un gros gâteau.
Mais c’est une sensation assez incroyable de se dire qu’on est au bout du monde. Dire que c’est ici que la mer de Norvège laisse place à la mer de Barents et que droit devant nous se trouve le pôle Nord. Je me sens presque comme une exploratrice découvrant de nouveaux territoires, des paysages préservés et presque inaccessibles, où la nature garde encore le contrôle. Ce voyage nous aura mis tellement d’étoiles dans les yeux que je sens déjà que j’aurai du mal à m’en remettre.
Alors que je me perd dans cette immensité qui m’entoure, la brume en profite pour pointer le bout de son nez, semblant s’extirper des confins du monde pour avancer inexorablement vers nous. Quelques minutes plus tard, on ne distingue même plus la mer, elle est entièrement recouverte par cette masse blanche et vaporeuse qui amène inévitablement la neige avec elle.
Elle tombe fort, dure, cinglant mon visage, trempant mon écharpe et mon bonnet. On décide de se réfugier au chaud à l’intérieur du centre touristique pour un petit goûter improvisé.
Dans le centre, il y a évidemment l’incontournable boutique souvenir, mais aussi un petit café pour se réchauffer avec un bon chocolat chaud et quelques douceurs, des toilettes, quelques attractions culturelles telles qu’un film sur le cap Nord au fil des saisons, une exposition sur les différents oiseaux qui nichent dans la région, une autre sur les premiers visiteurs du cap, et … une poste ! Ben oui, un cachet du cap Nord ça vaut de l’or, non ?
Il est déjà presque l’heure de repartir, le convoi démarrant à 13h45 précise. Mais avant, je décide de ressortir malgré la neige qui tombe toujours fort. Justement, grâce à elle, il n’y a presque plus personne dehors et je saisi la chance de pouvoir prendre à nouveau des photos sans trop de « pollution touristique ».
Et admirer le soleil se coucher sur la mer de Barents
De retour sur le bateau, on a la chance pour la 1ère fois du séjour de profiter d’un magnifique coucher de soleil sur la mer de Barents. Les soirs précédents, le ciel était trop couvert pour que l’on puisse voir quoique ce soit. Mais aujourd’hui, c’est différent. Il est à peine plus de 15h lorsque sous mes yeux, le ciel se pare de jaune, de rose, de rouge. La mer brille, reflétant cette lumière incroyable. Je contemple un coucher de soleil splendide au cap Nord. J’ai toujours autant de mal à réaliser tout ce que je vis durant ce voyage.
Une fois le soleil définitivement disparu de l’horizon, je rentre au chaud. Je commence à être un peu triste, je sens la fin du voyage qui arrive, c’est notre dernière soirée et demain matin on débarquera à Kirkenes puis on s’envolera pour Oslo le soir même.
J’aimerais rester sur le bateau quelques jours de plus et contempler encore et encore ces paysages extraordinaires, cette nature sauvage, immaculée, reculée, calme et paisible, où le temps semble s’arrêter, sensation encore plus marquée par notre façon de voyager, lente et rythmée par la mer. Je n’ai aucune envie de retourner dans la civilisation et de reprendre un train train trop routinier à mon goût.
Je sens déjà le sel des larmes qui roulent sur mes joues tandis que l’amoureux essaie de me consoler, ravalant lui aussi ce petit goût amer de fin du voyage qui commence à monter.
Sans compter les aurores boréales qui auront encore une fois brillées par leur absence.
Après le dîner, nous sortons nous changer un peu les idées. Une petite soirée est organisée sur le pont 5 et c’est assez surréaliste d’entendre Pharrell chanter « Happy », là, dans la nuit, sur le pont d’un bateau tout au nord de la Norvège par -11°C…
Mais nous ne nous attardons pas trop et filons sur le pont 7, désert, pour admirer encore une fois la mer et profiter de cette dernière nuit à bord.
Retrouvez tous les articles du carnet de voyage en Norvège par ici :
- Découvrir la Norvège en croisière avec l’Express Côtier Hurtigruten
- Bergen en une journée
- Ålesund, la ville « Art nouveau »
- Trondheim, Kjeungskjær et Stokksund
- On a passé le cercle polaire arctique
- Visiter Tromsø sous la neige
- Kirkenes, crabe royal et Snowhotel
- Visiter Oslo en 48h
- Une semaine de croisière dans les fjords de Norvège en vidéo
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La Norvège est un pays impressionnant avec des paysages magiques! J’ai très envie d’y aller!
Oui c’est exactement ça ! Si tu as l’opportunité d’y aller, fonce 🙂
Je n’irais sans doute jamais car je crains le froid, mais tes photos sont vraiment magnifiques, surtout celles avec la brume, si étranges et mystérieuses…Tu as bien su nous retranscrire cette sensation du bout du monde, bravo !
Merci beaucoup 🙂 C’est dommage, moi aussi je suis une grande frileuse mais j’ai appris à aimer le froid et quand tu es bien couverte ça passe facile surtout si c’est pour voir des paysages magnifiques !
Non mais ces photos sont magiques, on dirait presque une autre planète !
Merci Stephanie 😘 Oui c’était vraiment incroyable !
Tes photos sont sublimes <3
Et cette tristesse de fin de voyages… Je ne la connais que trop bien 🙁 Le retour en France et au boulot a dû être difficile… Mais voir ces paysages de ses propres yeux et vivre ce coucher de soleil, ça doit marquer l'esprit, pour longtemps !
xx
Merci 🙂
Oui ce n’est jamais facile mais les souvenirs, les photos et le blog sont là pour me rappeler tous ces beaux moments !